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Friday, December 7, 2012

God and His Messiah Jesus Christ our Lord - our right and duty to witness to Him: Maurice Bardèche: Souvenirs (extraits) - Pierre-Olivier Combelles


God and His Messiah Jesus Christ our Lord - our right and duty to witness to Him: Maurice Bardèche: Souvenirs (extraits) - Pierre-Olivier Combelles



Maurice Bardèche: Souvenirs (extraits) - Pierre-Olivier Combelles

Samedi 28 avril 2012
Il est bien naturel, dans un monde où chacun marche sur les mains, qu'on nomme utopistes ceux qui s'obstinent à marcher sur leurs pieds.
Maurice Bardèche, Souvenirs.
Longtemps, j'ai eu honte d'annoncer, quand je devais, comme les autres élèves, dire le nom de mon village, que j'étais né à Dun-sur-Auron. Je trouvais ce nom à la fois ridicule et banal. Je compris beaucoup plus tard qu'on m'avait trompé, que le nom qu'on m'avait appris n'était pas le vrai nom de mon village, qu'il cachait au contraire sous cette dénomination administrative, l'antiquité et la noblesse du petit bourg qu'on avait appelé pendant des siècles Dun-le-Roi. Ce nom de Dun, qu'on retrouve dans Lugdunum qui est le nom ancien de la ville de Lyon, désignait autrefois une butte fortifiée : c'est un des noms les plus anciens de notre langue parce que c'est un nom gaulois antérieur à la conquête romaine. À Dun-le-Roi, l'éperon qui domine l'Auron fut fortifié au temps où le roi de France était devenu le roi de Bourges. On appelait alors cette butte le Châtelet. L'entrée en était défendue par un beffroi qui existe encore. Entre le beffroi et les fortifications du Châtelet s'étendait une rue autrefois bordée de maisons anciennes dont il ne restait plus, au temps de mon enfance, qu'un petit manoir du XVe siècle dans lequel on affirmait que le roi avait résidé : il était devenu la maison du médecin et j'y ai souvent joué avec une jolie fillette de mon âge jusqu'aux environs de ma huitième année. Dans la campagne, sur les bords de l'Auron, on montrait encore, dans mon enfance, les ruines du château de Bois-Sire-Amé que Charles VII avait fait construire pour Agnès Sorel. Bien qu'il y eût pour ce nom de Dunois bien d'autres explications, il me plairait de croire que c'est en raison des attachements qui s'étaient créés ainsi que le chef de la résistance française, le fameux bâtard d'Orléans, contemporain de Charles VII et compagnon de Jeanne d'Arc, prit le nom de comte de Dunois. Je pense toujours avec tristesse à ce que dut être autrefois le gros bourg paysan de Dun-le-Roi. Il était déjà assez important pour qu'on y eût fait construire, deux cents ans plus tôt, une belle église romane à l'entrée de la Grande-Rue. Cette Grande-Rue aboutissait au beffroi qui semblait alors une sorte d'alcazar installé pour protéger la villégiature du roi. Dans mon imagination, la transformation de Dun-le-Roi en Dun-sur-Auron, c'est comme si on avait fait porter une blouse d'épicier à un noble mendiant tiré d'une gravure de Callot.
Quelques semaines après mon retour à Paris, Lucien Rebatet me racontait des scènes du bombardement du pont de Gien qu'il décrivit plus tard dans Les Décombres. L'hystérie des femmes, si naturelle dans le danger, est pire que le danger lui-même. Dans ces aventures, les femmes redeviennent ce qu'elles sont, des proies. Elles cherchent instinctivement le mâle qui leur assurera la protection et la vie, toujours prêtes à payer le prix de passage. Même sans une nécessité, la solitude, l'angoisse, le désarroi, la rupture des habitudes, pas de témoins, font souvent des femmes, des errantes, aussi démunies, aussi fragiles que les jeunes fugueuses qui cherchent à s'accrocher quelque part. Il y a, sans doute, une volupté à être irresponsable. Les femmes aspirent parfois à cette sorte de sensualité. C'est peut-être une des significations inavouées de leur désir d'être libres.
Je me suis pourtant réveillé un moment de ma période de somnambulisme. Ce fut lors de l'agression anglaise sur la rade de Mers el-Kébir. J'étais aussi furieux qu'au moment de la réoccupation de la Rhénanie. La colère m'ôtait toute raison. J'accusai le gouvernement français de lâcheté. J'aurai voulu une riposte. Je ne savais ni où ni comment, mais il me semblait que cet acte de piraterie était un outrage qui ne pouvait être vengé que par un acte. Pierre Laval fut plus sage. Il savait trop bien notre impuissance. J'ai gardé, depuis ce jour, une haine tenace, non seulement contre Churchill, mais même contre la nation anglaise, qui avait approuvé cette trahison. Même le courage du peuple anglais que j'admirai plus tard pour sa ténacité et sa force morale pendant les nuits du bombardement de Londres n'a pu abolir ce sentiment. C'est toujours pour moi l'île des cagots et des hypocrites. Depuis ce jour, je sais qu'il y a dans ce peuple quelque chose de sauvage, que leur hypocrisie couvre ordinairement, mais qui est dans leur sang comme un instinct animal dont Shakespeare seul a su peindre la violence et l'implacable. À l'état de repos, ces bouledogues ont des manières parfaites : ils ont inventé l'humour, c'est beaucoup.
Tout d'un coup l'étendue de la défaite que j'avais peu et si mal ressentie à Canet m'apparut. Tout disait notre impuissance. À mes yeux dessillés, elle se montrait par les deux signes qui sont comme les cornes d'abondance de la déroute, ces signes qui sont inséparables de l'image de tous les peuples vaincus, la disette et la servitude : le désert et, dans ce désert, des colonnes de mâles emmenés en esclavage et des femmes hurlant leur détresse autour des aires où ils sont parqués, la captivité de Babylone.
Les contemporains n'ont connu que beaucoup plus tard les drames effroyables de Hambourg et de Dresde, les femmes et les enfants englués et brûlés par des bombes au phosphore, torches hurlantes, statues calcinées de familles entières qu'on retrouvait dans les rues se tenant encore par la main, massacres inutiles et haineux dont tous les hommes devraient pleurer de honte pendant des siècles, monument de la barbarie et de la dureté de coeur de notre triste temps. Non, nous ne savions pas. Quand nous savions quelque chose par la radio anglaise, nous soupçonnions une désinformation, à cause des chiffres qui circulaient, très inférieurs à la réalité, des souffrances des civils allemands, mais auxquels nous ne croyions pas tant ils étaient épouvantables.
Il est certain, en tout cas, que je fus, pendant ces semaines décisives, un très médiocre patriote, et, ce qui est pire, un mauvais logicien. Je ne me réjouissais pas de la défaite de l'armée allemande, pas davantage de la fin de l'occupation allemande. C'est le drame des nations qui ont perdu les moyens de leur indépendance. La fin de l'occupation allemande annonçait le début d'une autre occupation, celle des vainqueurs de l'Allemagne. Et la défaite allemande ne signifiait pas la victoire de la France, elle signifiait la victoire des ennemis de l'Allemagne nationale-socialiste qui étaient aussi les ennemis de ces régimes fascistes que j'avais admirés au détriment de ces démocraties que j'avais toujours détestées. Alors, je vis toute l'étendue de mes mauvaises pensées.
Je découvre aujourd'hui, en dénombrant les ravages perpétrés si facilement dans les plaines vulnérables de la raison, une vérité philosophique qui me confirme dans ma lecture de la réalité. L'acoustique de la guerre qui est fondée sur l'ignorance est le milieu psychologique dans lequel s'élabore toute conquête qui est possession des âmes. L'ignorance qui permet de nager et de survivre dans le drame est indispensable également à ceux qui veulent cueillir les fruits de l'usurpation. Les convulsions historiques forgent des reliefs nouveaux comme les convulsions géographiques créent de nouveaux continents. Ce qui émerge, fortunes politiques ou fortunes privées, prolétarisation des uns et suprématie des autres, ne peut avoir lieu que dans un effondrement général dû au mensonge. On n'a rien compris à ce qui se passait : c'est l'ignorance pendant la guerre. On ne comprend rien de ce qui se prépare, c'est l'ignorance dont on a besoin pour établir une nouvelle stabilité. Et on ne comprend rien à ce qui se prépare parce qu'on fabrique une image fausse de ce qui s'est passé. L'histoire des hommes n'est probablement qu'une succession de mensonges. C'est en ce sens que l'histoire existe. Il n'y a pas de sens de l'histoire, il y a des sens successifs qu'on impose à l'histoire qui n'est elle-même que la succession des recettes par lesquelles on parvient à faire supporter aux hommes l'inégalité scandaleuse de leurs conditions. Qui voudrait accepter qu'il y ait des riches et des miséreux si l'on ne parvenait pas à imposer des illusions ?
Je ne mis pas longtemps à le découvrir. Je n'avais qu'à poursuivre mon raisonnement jusqu'au bout, il me conduisait à un scandale. Pour renverser mon raisonnement, il fallait substituer une histoire à une autre, un vocabulaire à un autre, une conscience à une autre. Il fallait dire et inscrire sur le fronton de notre histoire que la France n'était pas une nation « non belligérante », une nation « non alignée » qui pouvait assister à la guerre en spectateur. Il fallait dire et inscrire dans notre histoire que la France restait « participante » de cette guerre, qu'elle était immobilisée certes, mais que, malgré cette immobilité provisoire, elle restait « engagée » et que, par conséquent, la véritable légitimité n'était pas la légitimité juridique de la non-belligérance, mais la légitimité à venir de ceux qui continuaient à se déclarer « présents » aux côtés des Alliés. C'est cette vision obligatoire du passé qui était l'originalité de l'épuration qu'on nous imposait, et de l'abdication qu'on exigeait de nous. Il y avait un viol des consciences dans cette abjuration. Et ce viol des consciences qui nous obligeait à revêtir une autre peau que la nôtre, à nous fabriquer une autre cervelle, je savais ce que c'était. Je n'avais qu'à me souvenir que l'expression même que j'utilisais pour définir cette opération était la même que le titre du célèbre ouvrage de Tchakotine, Le Viol des foules, qui, avant la guerre, avait décrit le lavage de cerveau employé par les communistes pour imposer la religion du marxisme-léninisme.
Tel fut le premier acte criminel du système d'hypocrisie et de mensonge sous lequel nous vivons tous depuis plus d'un demi-siècle. Cette subtile acrobatie intellectuelle de quelques savants juristes me rendit plus clair le refus de la grâce de Robert Brasillach par le général de Gaulle. On avait inséré frauduleusement dans le dossier préparé pour le général de Gaulle la page de couverture du magazine Ambiance dirigé par Pierre Bloch qui représentait côte à côte Jacques Doriot en uniforme de lieutenant de la LVF, uniforme allemand portant l'écusson tricolore de la Légion, entre Robert Brasillach et Claude Jeantet l'un et l'autre en civil. Je n'ai jamais cru au bruit qu'on a fait courir que le général de Gaulle aurait confondu sur cette photographie Robert Brasillach en civil avec Jacques Doriot en uniforme et qu'il aurait refusé la grâce parce que Robert Brasillach aurait porté l'uniforme de l'armée allemande. C'est invraisemblable chez un général politicien qui connaissait certainement les vedettes politiques des dernières années de la Troisième République. Je ne crois pas davantage à l'explication donnée par de Gaulle lui-même dans ses Mémoires : il aurait été impitoyable en raison des responsabilités particulières que confère un grand talent. C'est une excuse de « père noble » qui ne correspond qu'à une attitude théâtrale. Il me semble, au contraire, que l'insertion de cette photographie dans le dossier avait pour objet de rappeler à de Gaulle la visite de Brasillach à la Légion antibolchévique qui n'avait pas été évoquée à l'audience, sa responsabilité dans la diffusion de la vérité sur le massacre de Katyn et par conséquent son dessein de nuire à un allié de l'axe visé par la nouvelle définition donnée à l'article 75. Je crois que la mort de Robert Brasillach est un assassinat réussi. C'est tout ce qu'il est permis de dire aujourd'hui.
Je n'ai pas cessé, en effet, depuis cinquante ans, de donner une autre image des événements dont j'avais été le témoin et de rétablir le sens des mots qu'on avait usurpés et falsifiés. C'est certainement à juste titre que mon savant critique suggérait qu'on devrait m'abriter dans un hôpital psychiatrique.
Le dépeçage de l'empire colonial anglais et de l'empire colonial français nous annonçait notre condition de vaincus. Mais cette spoliation internationale s'accompagnait dans chacun de nos pays d'une spoliation particulière. Cette spoliation c'était celle de notre personnalité nationale. Il ne suffisait pas que nous soyons vaincus, il fallait encore que, dans chacun de nos pays, nous soyons esclaves, ce qui est la condition de vaincus. Cet esclavage général, il était obtenu par la confiscation des moyens de communication. La dictature gaullienne n'avait duré que seize mois. Elle avait été remplacée par la Quatrième République qui restaurait le régime des partis et celui des politiciens. Mais rien n'avait été changé au dispositif de muselage. Les journaux et les radios étaient censés représenter les principaux partis : mais comme ils étaient les journaux et les radios qui avaient été installés autoritairement au moment de la Libération, ils répétaient tous la même histoire préfabriquée de la guerre, ils n'étaient qu'un seul journal au fond. La nation tout entière était nourrie d'une falsification, elle était dévoyée. On assistait à une transfusion du sang. Cette opération se faisait en deux temps : d'abord une soustraction du sang corrompu, c'est-à-dire du sentiment national, de l'instinct de conservation qui avait poussé les Français pendant l'Occupation à accepter l'inévitable pour sauver la matière humaine, les Français ; puis une injection du sang nouveau, remplaçantl'instinct de conservation par des principes d'universalité qui proclamaient le caractère sacro-saint de toute personnehumaine, c'est-à-dire de toute personne non autrement spécifiée, ayant réussi à s'installer en territoire français. Opérer cette substitution de la personne humaine résidente, quelle qu'elle soit, au citoyen français autochtone, c'était ce qu'on appelait sauver l'âme de la France.
C'était le commencement d'une entreprise de dépossession qui allait se poursuivre pendant quarante ans et qui se poursuit encore au moment où j'écris ces lignes sans qu'on comprenne comment on pourra l'arrêter.
Il est vrai que le reste de la planète ne valait pas mieux. La haine s'était emparée des balances de la justice. Elle était devenue la déesse des temps modernes. Les États-Unis, toujours à l'avant-garde du progrès, avaient découvert deux instruments également efficaces, la bombe atomique et le génocide. La bombe atomique permettait de tuer par masses : celui qui la détenait avait le pouvoir, comme un génie des Mille et Une Nuits, de mettre fin à toutes les guerres. Le génocide, plus précis, plus chirurgical, permettait de tuer par sélection en impliquant des individus dans le projet général de crime contre l'humanité. Le fonctionnement de ce prodigieux bulldozer me fascinait comme un enfant. J'avais eu horreur de l'Épuration parce que l'Épuration avait détruit ma vie : c'était une préoccupation égoïste. Le procès de Nuremberg fit de moi un modèle de désintéressement : j'étais indigné d'une autre manière, à cause de gens qui ne m'étaient rien — pour ainsi dire par esthétique. J'étais devenu ce qu'il y a de plus dangereux au monde, un idéaliste.
Je n'avais aucune sympathie élective pour l'Allemagne ou pour les Allemands. Ce n'est pas l'Allemagne que j'aimais, c'était le courage, la loyauté, la fraternité au combat. Ce n'était même pas le national-socialisme que j'aimais : ce n'était pas Horst Wessel, c'était Ernest Psichari, c'était Bournazel. Et ce n'était pas le Japon que j'aimais. Je reprochais, au contraire, aux Japonais d'avoir permis stupidement à Roosevelt de lancer son pays dans la guerre en essayant, sans y réussir, d'anéantir la flotte américaine à Pearl Harbor. Mais j'admirais, j'admirerai toujours ceux qui partent à l'aube, après avoir salué leur empereur, pour sauver leurs camarades par leur propre sacrifice. Je n'y peux rien. On m'a trop fait lire le De Viris illustribus Romae quand j'avais douze ans. C'était toute mon éducation. Comme l'histoire des Gracques, des trois cent six Fabius ou des Scipion, Corneille, Tite-Live, Sénèque, sont de mauvaises lectures. Ils donnent trop d'exemples de héros.
Ces sentiments sont-ils étranges ? Je serai peut-être mieux compris si je rappelle qu'au temps où ces pensées commandaient ma sensibilité, nous n'avions pas encore subi l'avalanche de la propagande qui déboula plus tard sur nos têtes à la suite, justement, du procès de Nuremberg. Je sais aussi que ce serait plus simple si je disais que j'étais bouleversé par les souffrances de ce peuple allemand, si écrasé, si déraciné, si misérable, par la détresse de ces familles allemandes qui avaient tout perdu, les maris, les fils, les pères, qui vivaient dans des caves, cherchaient leur nourriture dans les poubelles des vainqueurs, peuple mendiant que la charité seule soutenait. Je me souvenais, pour me consoler de la fureur des hommes, de ce vieux libraire juif, Victor Gollancz, que je connus plus tard, qui vint de Londres avec des wagons qu'il avait remplis de souliers pour que les enfants allemands ne fussent pas pieds nus, pendant l'hiver de la défaite, dans la triste neige de leur pays dévasté.
En lisant les quarante volumes de la sténographie du procès des « criminels de guerre » devant le tribunal international de Nuremberg et en essayant de comprendre la mentalité des juges qui composaient ce tribunal que je trouvais monstrueux, j'avais découvert qu'il ne s'agissait pas seulement d'un transfert de responsabilité que les vainqueurs rejetaient sur les vaincus, mais que l'essentiel était la proclamation d'un principe nouveau de la vie politique : la souveraineté nationale, désormais, n'existait plus, on n'avait plus le droit de s'en réclamer et de la revendiquer, la nation n'était plus qu'une parcelle géographique d'un tout appelé l'humanité, juge suprême de toutes les nations. Ce juge suprême indiquait ce qui était permis aux nations et ce qui leur était défendu, et il avait le droit et même le devoir de les punir si elles avaient dépassé ce qui était permis et perpétré ce qui était défendu, qui prenait, dès lors, le nom de crime. La nation devenait un individu et la nouvelle nation de tous les hommes était l'humanité qui avait pouvoir et permission sur toutes les nations. Pour moi, cette perspective signifiait que la terre se dérobait sous mes pieds. La garantie de mon existence, de mes droits, ma nation, cessait d'être ma propriété.
Ce socle de mon civisme, de mon dévouement, qui était aussi le socle de ma vie, n'existait plus : il n'était plus qu'un tas de sable. Des millions d'hommes, pas seulement les Allemands de la Wehrmacht, mais les fantassins de Verdun et des Éparges étaient morts pour ce tas de sable. Désormais nous n'aurions plus aucun droit d'être ce que nous sommes, de défendre ce qui nous appartient, d'être chez nous sur une certaine partie de la terre ; nous n'étions plus que des fourmis qui se trouvaient par hasard sur un certain tas de sable appartenant à tous les hommes et sur lequel tous les hommes pouvaient s'installer.
Alors, à partir de cette proclamation, nous entrions non pas dans un nouveau siècle, mais dans une nouvelle ère de l'humanité. Ce qui avait changé, ce qui annonçait un autre temps et un autre champ à la fois d'action et de pensée, c'était l'obligation d'avoir désormais présente à l'esprit une image totale du monde et non plus du petit coin du monde dans lequel nous habitions. Quatre-vingt mille Chinois engloutis sur les rives du Yang-Tsé c'était désormais quelque chose qui allait nous concerner, qui, par conséquent, nous deviendrait proche ; et aussi les famines en Afrique, la misère, mais qu'y pouvions-nous ? les crimes, mais est-ce que cela nous regardait ? Et pourtant, à cause de la radio, bientôt à cause de la télévision surtout, qui permettait de voir, ou d'avoir l'illusion de voir, nous serions proches de tout, présents à tout, témoins de tout. C'était cela, ce que signifiait l'apparition sur le champ de bataille mondial de cette Gorgone bien pire que Blücher à Waterloo, la métaphysique.
À cause des avions, à cause de la radio, à cause de la télévision, le monde se rapetissait. Nous devions nous habituer et surtout habituer nos esprits au raccourcissement des distances. La distance, qui était jadis notre protection, notre sécurité, devenait flexible, élastique, devenait une variante, à chaque décennie changeante, qui devait entrer dans tous nos calculs. Et, à cause de cela, les données de la politique seraient désormais continuellement remises en cause, car la géographie rapetissée, rétrécie, contractée, nous proposait de nouveaux voisins et de nouvelles frontières. Et ce raccourcissement des distances, en élargissant notre vision, donnait, en revanche, à nos pensées une envergure qu'elles n'avaient pas auparavant. Nous aurions à nous demander non plus seulement si ce que nous souhaitions ou décidions était bon, salutaire ou nuisible pour nous, pour notre pays, mais si ce que nous souhaitions ou décidions pour nous était aussi conforme à des règles que nous pouvions proposer aux autres hommes, aux autres pays.
Alors ce qu'on m'avait appris à Louis-le-Grand, en khâgne, me revenait à l'esprit. J'entendais bourdonner en moi les vieilles litanies par lesquelles on avait gravé en moi les principes de la morale de Kant : que ton choix pour chaque action puisse être proposé comme loi de tous les hommes. Le kantisme, l'esprit de 1789, faisait une majestueuse entrée en scène, cinquante ans avant le bicentenaire. Et en même temps qu'il faisait son entrée, on voyait s'inscrire sur le fronton du temple, l'avertissement célèbre de Péguy : « le kantisme a les mains pures, mais il n'a pas de mains ».
Alors, comme nous étions toujours placés dans le petit coin de terre appelé notre patrie, dont la liberté, la sécurité, la prospérité étaient la garantie de notre liberté personnelle, de notre prospérité individuelle, les choix politiques allaient dépendre soit du réalisme qui nous invitait à protéger notre patrie et les intérêts de notre patrie qui étaient notre bien et en même temps la garantie de notre liberté, soit de l'universalisme qui faisait de nous des citoyens du Monde, tributaires d'un ordre et d'une prospérité universels.
J'aurais donc désormais à dire, tout le long de ma vie, si j'acceptais cette loi universelle que des moralistes absolus sans pays et sans visage m'imposeraient et comme autrefois, à préférer ce qui me tient à coeur, ce qui me paraît juste et salutaire pour moi et pour les miens, ce qui me permettrait de rester moi-même, option qu'on flétrissait du nom désobligeant de réalisme. Et, en présence de cet entêtement, c'est moi qu'on appelait utopiste : à juste titre, car il est bien naturel, dans un monde où chacun marche sur les mains, qu'on nomme utopistes ceux qui s'obstinent à marcher sur leurs pieds.
Je n'étais pas un poseur de bombes, mais un petit paysan têtu qui ne voulait pas qu'on piétine son champ au nom de la métaphysique.
Quoi qu'il en soit, un avocat général du nom de Bouchardon qui avait l'âme moins sensible que mon courageux substitut Gonet établit avec fermeté que la loi par laquelle il était interdit de féliciter les poseurs de bombes était bien celle par laquelle le législateur m'interdisait de rétablir, même dans une faible mesure, ce que je regardais, à tort ou à raison, comme la vérité historique. Je contemplais, navré, pendant qu'on m'accablait, la figure sévère de l'excellent conseiller décoré auquel on s'adressait tout particulièrement pour lui lire avec courroux les phrases sévères qui concernaient les nègres américains qui lançaient des bombes au phosphore sur les femmes et les enfants de Dresde et de Hambourg. J'étais triste qu'on lui fît de la peine. Il avait l'air convaincu que je détestais les noirs. Ce n'était pas vrai : je détestais seulement les bombardiers.
La signification de mon livre contre le procès de Nuremberg était beaucoup plus grave que celle de la Lettre à François Mauriac. Dans ce dernier cas, ma voix n'avait été qu'une voix parmi d'autres : elle était seulement la plus catégorique, la plus agressive et celle qui avait fait le plus de bruit. Mais elle ne traitait que d'un cas de conscience particulier aux Français et elle ne soutenait que des principes que tout le monde pouvait approuver : et même, tout le monde savait ou, du moins, sentait qu'on ne pouvait les transgresser qu'en imposant silence aux vaincus. En récusant les juges de Nuremberg, au contraire, je jetais un défi qui intéressait le monde entier. Pouvait-on imposer aux nations une loi contraignante comme celle qu'on impose aux particuliers ? En affirmant la sujétion des nations à des juges et à une gendarmerie, est-ce qu'on ne faisait pas disparaître ce qui est le propre de la nation, la souveraineté ? En inventant une pax romana et en l'imposant par la force, est-ce qu'on n'établissait pas un statu quo définitif qui faisait des privilégiés et des défavorisés ? À qui profitait cette pax romana ? Ces questions interpellaient beaucoup de gens et gênaient beaucoup de calculs.
La prétention d'ériger en juge des nations un tribunal international sous prétexte d'agression et de crimes de guerre impliquait un « gel » de la carte du Monde établie par les vainqueurs. Ce « gel » de la carte du Monde aboutissait à consacrer une répartition de la puissance et cette répartition de la puissance devenait aussi une répartition de la richesse. Une telle répartition qu'il était interdit de corriger par la force consacrait un conservatisme de la possession du territoire. Quels que soient les amendements qu'une politique de décolonisation ou de secours « humanitaires » puisse apporter à cette attribution définitive, il resterait toujours des pays riches qui demeureraient des pays riches et des pays pauvres qui seraient condamnés éternellement à la pauvreté. Qu'arriverait-il si les pays riches étaient incapables de gérer équitablement leur richesse et si les pays pauvres sous la pression de leur démographie étouffaient dans les limites qui leur étaient imposées ? Les pays pauvres auraient-ils d'autre destin que d'être des réservoirs d'esclaves ou des poudrières incontrôlables ? Quelle gendarmerie pourrait leur imposer la soumission ? Et la puissance qui se constituerait le gendarme du Monde par délégation des juges de paix de la planète n'aurait-elle pas, même sans intention d'impérialisme et en agissant ou en croyant agir au nom de la paix et de la justice, la tentation de confondre l'intérêt de la paix avec la défense de ses propres intérêts ?
Je voyais une écume pestilentielle sortir de ce chaudron. C'est trop souvent le résultat de l'idéalisme. On part de chez soi plein d'un courroux généreux pour affranchir des esclaves et délivrer des princesses enchantées : et le résultat ce sont des villes enflammées, le règne des Carpetbaggers qui rançonnent les survivants et l'installation dans les pays qu'on voulait libérer de tyrannies bien plus durables et bien plus inhumaines que les injustices qu'on avait voulu détruire. L'idéaliste arrache les arbres et détourne les eaux : on s'étonne ensuite qu'il crée des déserts. On en accuse la méchanceté des hommes. On ferait mieux de dénombrer les ruines que causent leur optimisme et leurs illusions.
Je me mis au travail aussitôt. Je rédigeai en quelques semaines un ouvrage qui présentait l'image de l'Europe que nous aurions voulu construire. C'était une vision que la politique de la guerre froide rendait irréalisable. Ce n'était que son moindre défaut. Elle était, en outre, tout à fait opposée à l'idée que les financiers et les industriels se faisaient de l'Europe future qui, pour eux, devait être essentiellement un marché commun. Je dédiai ce livre au sénateur Taft, petit-fils d'un président des États -Unis parce qu'il était le candidat que les républicains avaient opposé en 1948 à Harry Truman, successeur de Roosevelt. Le titre que je choisis L'OEuf de Christophe Colomb était à la fois absurde et obscur. Je voulais dire que la solution que je proposais était simple, évidente, mais qu'on n'y pensait pas.
Ce livre, mis en vente en novembre 1951 eut peu de succès. C'est pourtant un de mes ouvrages politiques auxquels je tiens le plus. Au moment où j'écris ces lignes, il est plus que jamais d'actualité : parce qu'il oppose une image réaliste et simple de l'Europe à la conception mercantile qui, depuis les années 1960, a remplacé l'idée de l'Europe politique. Ce petit livre me paraît avoir exprimé les conditions aujourd'hui encore indispensables pour que l'Europe existe et qu'elle ne soit pas noyée dans un ensemble mondialiste qui lui retire toute individualité économique et culturelle.
Le principe sur lequel reposait ma conception de l'Europe était la subordination du mercantile au politique : le contraire de la conception que Jean Monnet avait représentée. Il me semblait capital que les nations européennes sortent de l'état de dépendance dans lequel elles se trouvaient soit vis-à-vis des États-Unis soitvis-à-vis de l'URSS. Pour les États satellites de l'URSS, le voeu était alors irréalisable. En revanche, il était urgent que les nations européennes cessent de compter sur l'armée américaine pour assurer leur indépendance : car il ne fallait pas oublier qu'une élection pouvait amener au pouvoir un président isolationniste.
Notre devise devait donc être « Ni Washington, ni Moscou », mais pour que cette devise ait un sens, il fallait constituer en priorité un système d'alliances politiques et militaires entre les États européens capable de doter l'Europe d'une capacité de dissuasion. L'alliance de l'Allemagne et de la France devait être l'axe de ce système défensif. La possession de l'arme atomique était dans cette alliance la dot de la France, l'Allemagne y apportait ses qualités militaires et sa puissance industrielle. Pour des raisons diverses, l'Italie et l'Angleterre ne pouvaient être que les ailes de ce dispositif.
Trois conditions étaient indispensables pour l'indépendance de l'Europe. Il fallait d'abord éliminer toutes les ingérences, directes ou indirectes. Je pensais d'abord aux ingérences idéologiques : ni Washington ni Moscou signifait également ni dictature communiste ni idéologie démocratique. Le territoire européen devait être libre d'occupation. Mais le ciel européen, lui aussi, devait être interdit aux nuages porteurs de miasmes. Pour réaliser cette antisepsie, il fallait ériger des écluses sur tous les canaux qui importaient en Europe des idées ou des intérêts étrangers. Ces écluses devaient filtrer les mouvements de capitaux capables d'installer en Europe des puissances de fait qui échappaient à tout contrôle. L'Europe, affaiblie par sa défaite, et, par conséquent, vulnérable, devait contrôler toutes les inséminations morales, en particulier les perfusions sanguines opérées sur l'opinion publique par la presse et la radio. Pour qu'il y ait une Europe indépendante, il fallait donc premièrement que cette Europe soit une citadelle inaccessible et, en particulier protégée contre les agressions intellectuelles et aussi les contaminations intellectuelles, formes diverses, mais également redoutables d'une occupation morale clandestine moins visible, mais tout aussi grave qu'une immigration incontrôlée.
Je ne voyais pas encore très clairement ce que nous savons aujourd'hui : que le résultat le plus certain du libre-échange illimité est la destruction de secteurs entiers des activités nationales et, par conséquent, la fatalité du chômage. Le libéralisme sauvage nous expose non seulement à une invasion, mais à une dépossession. Il entraîne à la fois notre assujettissement économique et la paupérisation de tous ceux qui travaillent dans les branches détruites ou fragilisées de chaque production nationale. Un protectionnisme sélectif à l'égard des produits non européens est une condition indispensable non seulement pour l'équilibre économique et social des pays d'Europe, mais pour la survie même de la civilisation européenne. Cette nécessité est si bien comprise que, même nos gouvernements actuels, tout en confessant le libéralisme avec l'agenouillement et la soumission des dévots, sont obligés de pratiquer sournoisement, pour éviter la ruine des pays qu'ils gouvernent, le protectionnisme qu'ils condamnent dans leurs discours.
Cette conception de la citadelle Europe est le contraire même de cette Europe terrain vague inventée par Jean Monnet, défendue par Robert Schumann et couronnée à Bruxelles en la personne de Jacques Delors. Je ne suis ni économiste, ni sociologue, ni politologue. Cette position catégorique que je professe encore actuellement n'est pas, pour moi, une position politique, mais une revendication culturelle. Tout ce que j'ai écrit ensuite n'a jamais été qu'une protestation contre l'invasion de l'économique dans notre vie. L'appareil économique et social dans lequel nous sommes moulus n'aboutit pas à une société de consommation, comme on l'a dit en langage noble, mais tout simplement à une société de mercantis installés dans leur boutique de prêt-à-porter. Tous vêtus de la même défroque, tous nourris du même « Big Mac », tous rêvant de la même femelle et des mêmes distractions, tous soumis, automatisés, conditionnés, clients obligatoires attendant chaque soir, tout en béant aux exploits de MM. Berlusconi ou Benedetti, le jour de gloire où nous gagnerons le gros lot de la loterie nationale ou la berline offerte par les jeux télévisés : l'essentiel, bien entendu, étant que rien ne soit changé à la belle mécanique qui nous permet d'être, pendant toute notre vie, une parcelle anonyme et interchangeable d'un grand tout qui est nous-même.
La vérité, c'est que je souffrais d'une sorte d'allergie à l'égard de ce qu'on appelle le « milieu littéraire ». Je n'en faisais pas partie et je n'avais pas envie d'en faire partie.
J'ajoute encore que je lisais peu, car une grande partie de la production littéraire française m'irritait par son conformisme, son insignifiance ou sa bizarrerie byzantine.
Quant à mon oeuvre littéraire, elle est, par définition, périssable, comme toute oeuvre de recherche ou de critique qui vieillit avec les changements de mentalité et les nouveautés de la documentation. L'histoire en est à peu près impossible à faire parce qu'une grande partie en a paru sous des signatures imaginaires. Mais comme il s'agit toujours d'études critiques ou de portraits d'écrivains que j'ai publiés dans la dernière partie de ma vie, ceux de Flaubert, de Céline, de Léon Bloy, je ne crois qu'ils soient de nature à m'assurer une longue postérité d'admirateurs. C'est par d'autres qualités qu'on découvrira peut-être en moi tardivement un écrivain pour lequel on puisse éprouver quelque sympathie.
Sur Balzac :
J'avais été surpris, comme l'avait été trente ans plus tôt le grand critique allemand Ernst Robert Curtius, en constatant que la plupart des présentateurs de La Comédie humaine ne donnaient qu'un rôle secondaire à l'ensemble des oeuvres groupées sous le titre d'Études philosophiques. Balzac, au contraire, les considérait comme une préface capitale indispensable à l'explication qu'il avait voulu donner des passions humaines et de la société, et même comme la clé de ce qu'il appelait son « système ». J'avais donc proposé de publier La Comédie humaine dans un ordre différent de celui que Balzac avait fixé et qui avait été suivi jusque-là par tous les éditeurs. Je commençai par les Études philosophiques et je présentai les romans descriptifs ensuite en montrant comment ils étaient autant de déductions des principes posés dans lesÉtudes philosophiques. Mon intrépide Lyonnais accepta sans discuter cette présentation nouvelle de laquelle je tirai plus tard un essai que j'ai intitulé Une lecture de Balzac et que je regarde, aujourd'hui encore, comme celui de mes essais critiques auquel je suis le plus attaché.
Sur Stendhal :
À la vérité, la jeunesse de Stendhal ne m'excitait guère. Ses manies, son goût des mathématiques, son admiration des idéologues, sa passion du théâtre, sa fatuité, son didactisme de séducteur m'étaient très étrangers. J'avais peur de m'ennuyer en continuant avec ce mirliflore. Je ne comprenais pas comment ce professionnel de l'impertinence avait pu écrire des romans qui me procuraient tant de plaisir. C'est en repérant des notations rapides, en apparence fugitives, dans des œuvres que je trouvais secondaires, l'Histoire de la Peinture, la Vie de Napoléon, les Pages d'Italie que je sentis pour la première fois un langage secret, des mots, des refus, des colères sourdes, étincelles que je reconnaissais et qui faisaient en moi comme un chemin lumineux. Alors, je compris brusquement que Stendhal, après la chute de Napoléon, avait été blessé de la même blessure que moi, que l'épuration qui avait suivi Waterloo avait laissé sur lui des traces que je reconnaissais. Alors je compris pourquoi j'aimais tant Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir, puis je reconnus en Fabrice Del Dongo dans La Chartreuse de Parme le jeune enthousiaste attiré par les causes perdues, je revoyais mes illusions, je retrouvais le décalque en lui de tout ce que j'aimais, de tout ce que j'aurais fait si j'avais eu vingt ans : les mêmes mépris, les mêmes dégoûts, transposés, mais reconnaissables dans tout ce qui frémit dans les romans de Stendhal et anime les êtres délicieux et imprévus dont chaque geste et chaque pensée sont une insulte aux institutionnels. Et je découvrais dans ces romans le mélange savoureux de l'incivisme et du bonheur. Cela me plut assez. Je le dis, je pris plaisir à le dire. Et je compris que ce n'était pas par inertie et paresse que je m'étais enfermé dans la pièce appelée débarras où les lits des enfants étaient repliés le matin pour me permettre d'écrire.
Maurice Bardèche, Souvenirs, Buchet/Chastel, 1993.
Bibliographie
Maurice Bardèche : Nuremberg ou la Terre promise (1948), Nuremberg II ou les Faux-Monnayeurs (1952),Défense de l’Occident (revue fondée en 1952)




Saturday, April 28, 2012
It is only natural, in a world where everyone walks on his hands, called utopians who persist in walking on their feet.
Maurice Bardeche, Souvenirs .
Long time, I was ashamed to announce, as I was, like other students, say the name of my village, I was born in Dun-sur-Auron. I found this name both ridiculous and trite. I realized much later that I had been deceived, that the name I had been taught was not the real name of my village, he was hiding under that name instead administrative, antiquity and the nobility of the little town that had for centuries called Dun-le-Roi. This name of Dun, found in Lugdunum which is the ancient name of the city of Lyon, once referred to a fortified hill: it is one of the oldest names in our language because it is a Gallic name prior to the Roman conquest. At Dun-le-Roi, the spur overlooking the Auron was fortified in the days when the King of France had become the king of Bourges. This hill was then called the Chatelet. The entrance was defended by a belfry which still exists. Between the belfry and the fortifications of Chatelet stretched a street once lined with old houses which he remained in the days of my childhood, a small fifteenth-century manor in which it was claimed that the king had lived: he was become the doctor's house and I often played with a pretty girl my age until about my eighth year. In the countryside, on the banks of the Auron, it was even in my childhood, the ruined castle of Bois-Sire-Ame, Charles VII had built for Agnes Sorel. Although there were for the name of Dunois many other explanations, it would please me to believe that this is because of the attachments that were created and the leader of the French resistance, the famous Bastard of Orleans , a contemporary of Charles VII and Joan of Arc's companion, took the name of Count de Dunois. I always think with sadness that must have been formerly a large village peasant of Dun-le-Roi. He was already important enough to have built, two hundred years ago, a beautiful Romanesque church at the entrance to the High Street. The High Street led to the belfry that seemed a sort of fortress to protect the resort installed the king. In my imagination, the transformation of Dun-le-Roi Dun-sur-Auron, it is as if we had to wear a gown to a grocer noble beggar from an engraving by Callot.
A few weeks after my return to Paris, Lucien told me Rebatet scenes of the bombing of the bridge of Gien he later described in The Rubble. Hysteria women, so naturally the danger is worse than the danger itself . In these stories, women become what they are prey. They instinctively seek the male who will protect their life and always willing to pay the passage money. Even without a necessity, loneliness, anxiety, confusion, breaking habits, no witnesses, often women, wandering, too poor, as fragile as the runaway girls who are looking to hang somewhere. There is no doubt a pleasure to be irresponsible. Women sometimes aspire to that kind of sensuality. This is perhaps one of the unspoken meanings of their desire to be free.
But I woke up one time of my period of sleepwalking. It was during the assault on the English harbor of Mers el-Kebir. I was also furious at the time of the reoccupation of the Rhineland. Anger robbed me of all reason. I accused the French government of cowardice. I have wanted a response. I did not know where or how, but I felt that this act of piracy was an outrage which could not be avenged by an act. Pierre Laval was wiser. He knew too well our helplessness. I have kept since that day, a stubborn hatred not only against Churchill, but even against the English nation, which had approved this betrayal. Even the courage of the English people that I admired later his tenacity and fortitude during the nights of bombing in London was unable to abolish this feeling. It's always for me the island of bigots and hypocrites. Since that day, I know there are people in it something wild, that usually covers their hypocrisy, but that is in their blood like an animal instinct which Shakespeare alone could paint, and the relentless violence. In the resting state, the Bulldogs have perfect manners: they invented humor is a lot.
Suddenly the extent of the defeat that I had not felt so bad and I appeared in Canet. All told our powerlessness. In my eyes opened, she showed by the two signs that are like cornucopias of defeat, the signs which are inseparable from the image of all the conquered peoples, famine and servitude: the desert and, in this desert, columns of males taken into slavery and women screaming their distress around the areas where they are parked, the Babylonian captivity.
Contemporaries have known only much later the terrible tragedies of Hamburg and Dresden, women and children stuck and burned by phosphorus bombs, torches screaming, burnt entire families statues that were found in the streets standing yet by the hand, and senseless slaughters hate that all men should cry shame for centuries, a monument of barbarism and hardness of heart of our sad times. No, we did not know. When we know something by the BBC, we suspected misinformation, because of the numbers going around, far below the reality, the suffering of German civilians, but which we did not believe they were so terrible.
Certainly, certainly, as I was during these decisive weeks, a very poor patriot, and, what is worse, a bad logician. I do not rejoice at the defeat of the German army, not more the end of German occupation. This is the drama of nations that have lost the means of their independence. The end of German occupation meant the beginning of another occupation, that of the victors of Germany. And the German defeat did not mean the victory of France, it meant the victory of the enemies of Nazi Germany who were also enemies of the fascist regimes that I had admired at the expense of those democracies that I always hated. Then I saw the full extent of my evil thoughts.
I discovered today, by counting the ravages perpetrated so easily vulnerable to the plains of reason, a philosophical truth which confirms me in my reading of reality. The acoustics of the war that is based on ignorance is the psychological environment in which to develop any conquest which is possession of souls. The ignorance that can swim and survive in the drama is also essential to those who want to reap the benefits of usurpation. Seizures historic forge new reliefs such as convulsions create new geographical continents. What emerges, political fortunes or private wealth, and supremacy proletarianization of each other, can take place only in a general collapse due to the lie. We do not understand what was happening: it is ignorance during the war. We understand nothing of what is coming, it is ignorance that is needed to establish a new stability. And it does not understand what is coming because we manufacture a false picture of what happened. Human history is probably a succession of lies. It is in this sense that the story exists. There is no sense of history, there are successive sense requires that the story itself is that the succession of income which we succeed to support men inequality scandalous in their conditions. Who would accept that there are rich and the destitute if we could not impose illusions?
I did not take long to find out. I just had to continue my argument to the extreme, it led me to a scandal. To reverse my argument had to be replaced one story to another, one vocabulary to another, one consciousness to another. They should say and write on the front of our history that France was not a nation "non-belligerent," one nation "nonaligned" that the war could attend as a spectator. They should say and write in our history that France remained a "participant" of this war, it certainly was immobilized, but that despite this temporary immobility, it remained "committed" and that, therefore, the true legitimacy n ' was not the legal legitimacy of non-belligerency, but the future legitimacy of those who continued to declare themselves "present" on the Allied side. This vision required of the past that was the originality of the treatment that we imposed, and the abdication was demanded of us. There was a rape of the conscience in this recantation. And the rape of consciences that required us to take another skin than ours, we make another brain, I knew what it was. I only had to remember that the very expression that I used to define this operation was the same as the title of the famous book Tchakotine, The Rape of the crowds, who before the war, had described the washing brain used by communists to impose religion of Marxism-Leninism.
This was the first criminal system of hypocrisy and lies under which we all live for more than half a century. This subtle intellectual acrobatics of some learned jurists made ​​me more clear denial of the grace of Robert Brasillach by General de Gaulle. We had fraudulently inserted in the dossier prepared for General de Gaulle the cover of the magazine Atmospheredirected by Peter Bloch who represented alongside Jacques Doriot in uniform of a lieutenant of the LVF, consistent with the German tricolor badge of the Legion, Brasillach between Robert and Claude Jeantet one and the other in civilian clothes. I never thought the noise we did run that General de Gaulle would have confused this photograph Robert Brasillach undercover with Jacques Doriot in uniform and he would have refused the pardon because Robert Brasillach have worn the uniform of the German army. This is unlikely in a general politician who certainly knew the stars of recent years policies of the Third Republic. I do not think more to the explanation given by de Gaulle himself in his memoirs : he was ruthless because of the special responsibilities conferred a great talent. It's an excuse to "noble father" who is only a theatrical attitude. It seems, however, that the inclusion of the photograph in the folder was designed to remind de Gaulle's visit to the Legion Brasillach Bolshevik who had not been raised at the hearing, his responsibility in the dissemination the truth about the Katyn massacre and therefore its intended to harm an ally of the axis to which the new definition in section 75. I think the death of Robert Brasillach is a successful assassination. That's all it is permissible to say today.
I have not ceased, in fact, for fifty years, to give a different picture of the events I had witnessed and restore the meaning of words that had been forged and spoofed. This is certainly correct to my learned critic suggested that I should hide in a psychiatric hospital.
The butchering of the English colonial empire and the French colonial empire we announced our condition of losers. But this was accompanied in international plunder of our countries of a particular theft. This theft was that of our national personality. It was not enough that we are defeated, it was also necessary, in each of our countries, we are slaves, which is the condition of the vanquished. This bondage general, it was obtained by the confiscation of means of communication.Gaullist dictatorship lasted only sixteen months. It had been replaced by the Fourth Republic which restored the party system and the politicians. But nothing had been changed muzzling device. Newspapers and radios were supposed to represent the major parties: but as they were newspapers and radio stations which were installed when the authoritarian Liberation, they repeated the same story all prefabricated war, they were one only newspaper in the bottom. The whole nation was nourished by a forgery, it was misguided. We witnessed a blood transfusion. This operation was conducted in two stages: first a subtraction of corrupted blood, that is to say national sentiment, the instinct of preservation that prompted the French during the Occupation to accept the inevitable to save human matter, the French and then an injection of new blood, replacing self-preservation by the principles of universality, proclaiming the sanctity of everyindividual human, that is to say, any person not otherwise specified, having managed to settle in French territory. Make this substitution of the individual resident, whatsoever, to native French citizen, was what was called save the soul of France.
This was the beginning of an enterprise of dispossession would continue for forty years and that continues as I write this without an understanding of how we can stop it.
It is true that the rest of the world was no better. Hatred took possession of the scales of justice. She became the goddess of modern times. The United States, always on the cutting edge of progress, had discovered two instruments equally effective, the atomic bomb and genocide. The atomic bomb allowed to kill in masses: one who held it had jurisdiction, as a genius of the Arabian Nights, to end all wars. Genocide, more precise, surgical, allowed to kill by selection involving individuals in the general project of a crime against humanity. The operation of this prodigious bulldozer fascinated me as a child. I hated because of the Purge the Purge had destroyed my life: it was a selfish concern. The Nuremberg trials made ​​me a model of selflessness: I was outraged in other ways, because of people who were nothing to me - as it were by design. I had become what is most dangerous in the world, an idealist.
I had no sympathy for elective or Germany for the Germans. It's not that I loved Germany, it was the courage, loyalty, brotherhood in action. It was not even the Nazis that I liked: it was not Horst Wessel was Ernest Psichari was Bournazel.And it was not Japan that I liked. I blamed the contrary, the Japanese have stupidly allowed Roosevelt to launch the country into war, trying, without success, to destroy the U.S. fleet at Pearl Harbor. But I admired, I always admire those who leave at dawn, after bowing to their Emperor, to save their comrades by their own sacrifice. I can not help it. I was too actually read the Viris illustribus Romae From when I was twelve. It was all my education. As the story of the Gracchi, of three hundred and six Fabius or Scipio, Corneille, Livy, Seneca, are bad readings. They give too many examples of heroes.
These feelings are they weird? I may be better understood if I remember than when these thoughts commanded my sensitivity, we had not yet undergone the avalanche of propaganda who turned up later on our heads as a result, precisely, the trial of Nuremberg. I also know that it would be easier if I said I was overwhelmed by the suffering of the German people, so crushed, so rootless, so miserable, the plight of these German families who had lost everything, husbands, son Fathers, who lived in caves, foraging in bins of winners, begging people contended that charity alone. I remembered, to console myself for the wrath of man, this old Jewish bookseller, Victor Gollancz, that I knew later, who came from London with the cars he had filled with shoes that German children were not barefoot in the winter of defeat, in their sad snow-stricken.
Reading the forty volumes of shorthand in the trial of "war criminals" before the international tribunal at Nuremberg and trying to understand the mentality of sitting judges of this court that I found monstrous, I discovered that s' was not just a transfer of responsibility that rejected the victors over the vanquished, but the important thing was the proclamation of a new principle of politics: national sovereignty, now, no longer existed, there was more right to lay claim and the claim, the nation was only a geographical plot of a whole called humanity, supreme judge of all nations. The supreme judge stated what was allowed and what nations they were forbidden, and he had the right and the duty to punish them if they had exceeded what was allowed and perpetrated what was forbidden, which assumed, therefore, the name of crime. The nation became an individual and the new nation of all men was that mankind had power and permission of all nations. For me, this perspective meant that the earth gave way under my feet. The warranty of my life, my rights, my nation, ceased to be my property.
This cradle of my citizenship, my dedication, which was also the cradle of my life, no longer existed: it was a heap of sand.Millions of men, not just the Germans in the Wehrmacht, but the foot soldiers of Verdun and Eparges died for this pile of sand. Now we would not have any right to be who we are, to defend what is ours, to be with us on a certain part of the earth we were more than ants that happened to be on a pile of sand belonging to all men and on which all men could move.
So, from this proclamation, we entered not into a new century but a new era of humanity. What had changed, which announced another time and another field of both action and thought, it was now required to have in mind a total picture of the world rather than the small corner of the world in which we lived. Eighty thousand Chinese drowned on the banks of the Yangtze was now something that would concern us, which, therefore, we become close, and as the African famines, poverty, but what could we ? crimes, but is it that we watched? Yet, because of the radio soon because of television especially, which allowed to see, or have the illusion of seeing, we would be close to all present at all, any witnesses. That was what meant the appearance on the battlefield of this world worse than Gorgon Blucher at Waterloo, metaphysics.
Because of the aircraft, due to the radio, because of television, the world is getting smaller. We had to get used to accustom our minds and especially at shorter distances. The distance that was once our protection, our security, became flexible, elastic, became a variant, changing with each decade, to come in all our calculations. And because of this, data policy would now be continually challenged, because geography shrunken, shrunken, contracted, we proposed new neighbors and new frontiers. And this shortening of distances, by expanding our vision, gave, however, our thoughts a scale they had not before. We would have to ask not only whether what we wanted or decide was good, beneficial or harmful to us, for our country, but if what we want or decide for us was also consistent with the rules that we could propose to the other men, to other countries.
So what I had learned to Louis le Grand, in khâgne, came back to my mind. I heard buzzing in me by the old litanies which had been carved in me the moral principles of Kant: that your choices for each action can be proposed as a law of all men.Kantianism, the spirit of 1789, made a majestic entrance on the scene, fifty years before the bicentennial. And while he made his entrance, could be seen engraved on the pediment of the temple, the famous warning of Peguy: "Kantianism has clean hands, but he has no hands."
Then as we were always placed in the small patch of land called our homeland, including freedom, security and prosperity were the guarantee of our personal freedom, our individual prosperity, political choices would depend either on the realism that we invited to protect our homeland and interests of our country who were our good and at the same time ensuring our freedom, either of universalism that made us citizens of the world, depend on an order and universal prosperity.
So now I have to say, throughout my life, if I accept this universal law of that country without absolute moralists, faceless and impose myself as before, to prefer what is important to me, which I seems fair and beneficial for me and mine, which would allow me to be myself, that option withered the derogatory name of realism. And in the presence of this obstinacy, that's me called utopian: rightly, because it is quite natural, in a world where everyone walks on his hands, that they name utopian those who persist in walking on their feet.
I was not a bomber, but a little stubborn farmer who did not want to trample the field on behalf of metaphysics.
Anyway, an attorney general named Bouchardon whose soul was less sensitive than my brave substitute Gonet establishes firmly that the law by which it was forbidden to congratulate the bombers was well that by which the legislature forbade me to return, even to a small extent, what I was looking, wrongly or rightly, as the historical truth. I looked, sorry, while I was being overwhelmed, the stern face of the great advisor decorated which we addressed in particular to read him with wrath severe sentences which concerned the American negroes who threw phosphorus bombs on Women and children in Dresden and Hamburg. I was sad that caused him pain. He seemed to think I hated black people. This was not true: I hated only the bombers.
The meaning of my book against the Nuremberg trials was much more serious than that of the Letter to Francois Mauriac. In the latter case, my voice was a voice among many: it was only the most categorical the most aggressive and who had done the most noise. But it only dealt with a case of conscience peculiar to the French and it argued that the principles that everyone could agree: even, everyone knew, or at least, felt that they could transgress that imposing silence on the vanquished. By challenging the Nuremberg judges, on the contrary, I threw a challenge that interested the world.Could there be a binding law to nations such as is imposed on individuals? By asserting the subjection of nations to one of the judges and police, are we could not erase what is characteristic of the nation's sovereignty? By inventing a Pax Romana and the imposing by force, are we not establishing a status quo that was definitive of the privileged and the disadvantaged? Who profited the pax romana? These questions shouted at a lot of people and hindered many calculations.
Pretend to sit in judgment of nations an international tribunal under the pretext of aggression and war crimes involved a "freezing" of the World map drawn by the victors. This "freezing" of the World map led to devote a power distribution and the distribution of power was also becoming a distribution of wealth. Such a distribution that it was forbidden to correct by force spent a conservatism of the possession of the territory. Whatever the amendments that decolonization policy or emergency "humanitarian" can make to vest, it would still remain rich countries that rich countries and poor countries that would be condemned to eternal poverty. What would happen if rich countries were incapable of managing their wealth equitably and if poor countries under the pressure of population in the stifling limits imposed on them? Poor countries would they have other destiny than to be reservoirs of slaves uncontrollable or magazine? What police could impose their submission? And the power that would be the policeman of the world by delegation of justices of the planet would it not, even with no intention of imperialism and acting or believing act on behalf of peace and justice, temptation to confuse the interests of peace with the defense of its own interests?
I saw a stinking scum out of this cauldron. It is too often the result of idealism. We share a home full of wrath generous to free slaves and deliver enchanted princesses: the result and the cities are burning, the reign of the Carpetbaggers who fleece the survivors and installation in the country we wanted to liberate tyrannies much more sustainable and more humane than the injustices they had wanted to destroy. The idealist tear away the trees and the waters: it is surprising then that creates deserts. We acknowledge the wickedness of man. We'd better count the ruins that are causing their optimism and illusions.
I set to work immediately. I wrote a few weeks in a book that presented the image of Europe that we wanted to build. It was a vision that the policy of the Cold War made ​​it impossible. It was only her finest virtue. She was also totally opposed to the idea that financiers and industrialists had of the future Europe which, for them, should essentially be a common market. I dedicated it this book to Senator Taft, grand-son of a president of the United States because he was the candidate that the Republicans had opposed in 1948 to Harry Truman, Roosevelt's successor. The title I chose The Egg of Columbus was both absurd and obscure. I meant that the solution I proposed was simple and obvious, but it was not thinking.
This book, on sale in November 1951 had little success. Yet it is one of my political books that I care the most. At the time of this writing, it is more relevant than ever: because he opposes a simple and realistic picture of Europe in the mercantilist conception which, since the 1960s, has replaced the idea of political Europe. This little book seems to have expressed the conditions still needed to ensure that Europe exists and is not embedded in a set which removes any globalist economic and cultural individuality.
The principle behind my conception of Europe was the subordination of the mercantile policy: the opposite of the design that Jean Monnet had represented. It seemed important that the European nations out of the state of dependence in which they were either vis-à-vis the U.S. soitvis-à-vis the USSR. For the satellite states of the USSR, while the wish was impossible. However, it was urgent that the European nations continue to rely on the U.S. military to ensure their independence, for he must not forget that an election could bring to power an isolationist president.
Our motto should be "Neither Washington nor Moscow", but for this currency to be meaningful, it must be primarily a system of political and military alliances between European states capable of providing Europe with a capacity of deterrence. The alliance between Germany and France should be the focus of this defensive system. The possession of nuclear weapons in this alliance was the dowry of France, Germany brought to his military and industrial power. For various reasons, Italy and England could be that the wings of this device.
Three conditions were essential to the independence of Europe. We first had to eliminate all interference, direct or indirect.I thought at first to ideological interference: neither Washington nor Moscow nor signifait also Communist dictatorship nor democratic ideology. The European territory should be free of occupation. But the skies over Europe, too, should be prohibited clouds miasmas carriers. To achieve this antisepsis, it was necessary to erect the locks on all channels in Europe that imported ideas or foreign interests. These locks were filtered capital movements can be installed in powers of Europe which is out of control. Europe, weakened by his defeat, and, therefore, vulnerable, would control all inseminations moral, especially blood infusions made on the public by press and radio. For there to be an independent Europe, it was necessary first that Europe is a fortress inaccessible, especially protected against attacks and also intellectual contamination intellectual forms, but also a formidable moral illegal occupation less visible but just as serious as uncontrolled immigration.
I could not see clearly yet what we know today: that the most certain result of free trade is unlimited destruction of entire sectors of national activities and, therefore, the inevitability of unemployment. Wild liberalism exposes us not only an invasion, but a dispossession. It drives both our economic subjugation and impoverishment of those who work in the branches of each destroyed or weakened national production. Selective protectionism against non-European products is a prerequisite not only for economic and social balance of European countries, but for the very survival of European civilization. This need is so well understood that even our present governments, while confessing liberalism with kneeling and submission of devotees, are obliged to practice surreptitiously, to avoid the ruin of the country they govern, they protectionism condemn in their speeches.
This concept of fortress Europe is the very opposite of this wasteland Europe invented by Jean Monnet, Robert Schumann defended by Brussels and crowned in the person of Jacques Delors. I am neither an economist or sociologist or political scientist. This categorical position that I currently still professes not to me a political position, but a cultural cause.Everything I wrote then has never been a protest against the invasion of our economic life. The economic and social unit in which we ground does not lead to a society of consumption, as has been said in noble language, but simply a society of hucksters installed in their shops ready-to-wear. All wearing the same garb, all fed the same "Big Mac", all dreaming of the same female and same distractions, all subject, automated, packaged, mandatory waiting customers every night, while the gaping exploits of MM. Berlusconi Benedetti, the glorious day when we will win the jackpot in the lottery or the sedan offered by game shows: mainly, of course, nothing is being changed to fine engineering that allows us to be throughout our lives, an anonymous and interchangeable piece of a greater whole that is ourselves.
The truth is that I had a sort of allergy towards the so-called "literary." I was not one in and I did not want to be part of.
I would also add that I read just as much of the French literary irritated me by its conformism, its insignificance or its Byzantine oddity.
As for my literary work, it is, by definition, perishable, like any research work or critical with aging changes in attitudes and new documentation. The story is almost impossible to do because so much has appeared in signatures imaginary. But as it is always critical studies or portraits of writers that I have published in the last part of my life, those of Flaubert, Celine, Leon Bloy, I do believe that the nature me to ensure a long life of admirers. This is by other qualities we may discover in myself a late writer for which one can have some sympathy.
On Balzac :
I was surprised, as had been thirty years before the great German critic Ernst Robert Curtius, noting that most presenters of The Human Comedy gave only a secondary role in all the works grouped under the For É tudes philosophical.Balzac, however, regarded them as a preface to the capital necessary explanation that he wanted to give human passions and society, and even as the key to what he called his " system ". So I proposed to publish The Human Comedy in a different order than that Balzac had set and that was followed so far by all publishers. I began by studies philosophicaland descriptive novels I presented then by showing how they were all deductions the principles laid down inPhilosophical Studies. My intrepid Lyonnais accepted without question this new presentation which I took a later essay I entitled reading Balzac and I look, even now, like my critical essays which I am most attached.
Stendhal on :
In truth, the youth of Stendhal excited me much. His mannerisms, his taste for mathematics, his admiration of the ideologues, his passion for theater, his conceit, his didacticism of seducer were very foreign to me. I was afraid of being bored by continuing with this dandy. I did not understand how this business could have the impertinence to write novels which afforded me much pleasure. It is by identifying notations fast, seemingly fleeting, in works that I found side, theHistory of Painting, the Life of Napoleon, the pages of Italy that I felt for the first time a secret language of words, denial, anger deaf, sparks and I recognized that were in me like a light path. Then I suddenly realized that Stendhal, after the fall of Napoleon, was wounded in the same injury as me, that the purge that followed Waterloo had left traces on him that I recognized. Then I understood why I loved so much Julien Sorel in The Red and the Black, then I recognized Fabrice del Dongo in The Charterhouse of Parma the young enthusiast attracted to lost causes, I saw my illusions, I found the decal in him I loved everything, from everything I have done if I had twenty years: the same contempt, disgust the same, transposed, but recognizable in all that trembles in the novels of Stendhal and animates things delicious unforeseen and whose every gesture and every thought is an insult to the institutional. And I discovered in these novels the tasty blend of civic spirit and happiness. I liked it enough. I say, I took pleasure to say. And I realized it was not by inertia and laziness that I was locked in the room called storeroom where the beds of children had fallen in the morning to allow me to write.
Maurice Bardeche, Souvenirs , Buchet / Chastel, 1993.
Bibliography
Maurice Bardeche: Nuremberg or the Promised Land (1948), II Nuremberg or The Counterfeiters (1952), Defence of the West (magazine founded in 1952)


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